lundi 28 septembre 2009

NOTES D'INTENTION

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Le moment le plus haut de la trilogie d’Eschyle est sans aucun doute l’acmé des Euménides, lorsque Athéna institue la première assemblée démocratique de l’histoire. Aucune péripétie, aucune mort, aucune angoisse dans toutes les tragédies ne donne une émotion plus profonde et plus absolue que cette page. 

Pier Paolo Pasolini à propos de l’Orestie d’Eschyle


En partenariat avec la société CARLOTTA FILMS, le laboratoire artistique de recherches UN EXCURSUS (cie pluridisciplinaire conventionnée par la Région Ile de France) propose, en écho à la projection du documentaire de Pier Paolo Pasolini « Carnet de notes pour une Orestie africaine », un montage contemporain de propositions théâtrales et cinématographiques autour du regard singulier de Pasolini sur l’Orestie d’Eschyle.

Conçues comme un prolongement des chemins de pensées de Pasolini sur cette oeuvre théâtrale fondatrice, ces propositions sont nées des échanges entre artistes et universitaires sur les thématiques abordées par Pasolini dans son film : relations entre théâtre antique et politique, entre monde archaïque et monde moderne, entre mythes et réalités… démocratie d’hier et systèmes démocratiques d’aujourd’hui…

Le film de Pasolini (réalisé en 1970) proposé par Carlotta films dans sa version remasterisée est accompagné d'un film-documentaire de Barbara Bouley-Franchitti « Et maintenant la quatrième partie de la trilogie commence » (une traversée de l'Orestie sous le regard de Pier Paolo Pasolini), réalisé en 2008. Cette soirée de projection est suivie d'une rencontre avec des auteurs, metteurs en scène ou universitaires, spécialistes d'Eschyle ou de Pasolini : Massimo Fusillo, Hervé Joubert Laurencin, Dacia Maraini, Pierre Judet de la Combe, ou Stanislas Nordey. Ces rencontres sont filmées et constituent une mémoire sur le travail de recherches de la Cie Un Excursus.

En écho à cette soirée de projections-débat, Un excursus propose une lecture-vidéo de Pylade, un texte théâtral de Pier Paolo Pasolini (1966), mis en espace par Barbara Bouley-Franchitti et/ou Stanislas Nordey  avec des élèves d'écoles de théâtre ou d'universités.


PRECISIONS SUR LES PROJECTIONS-DEBATS

Pourquoi un poète et immense penseur européen du XXème, engagé au sein de sa cité jusqu’à y sacrifier sa vie, comme Pasolini,  était-il à ce point hanté par l’Orestie ?  

Dans son livre, « La Grecia secondo Pasolini : mito e cinema », Massimo Fusillo montre clairement comment Pasolini manifeste un intérêt obsessionnel pour les mythes de la Grèce ancienne, bien au-delà des deux films directement reliés au mythe, à savoir Œdipo Re et Médéa, et plus particulièrement pour l’Orestie d’Eschyle auquel il consacra plusieurs sujets d’étude qui contituent une véritable continuité de pensée :

- Une traduction  Eschilo, Orestiade (1960)

- Une pièce de théâtre  Pilade (1966)

- Un film documentaire  Carnet de notes pour une Orestie africaine » (1970)

Et plusieurs essais politiques ainsi que des allusions sur le mythe dans Bêtes de Style (1968)...


 Ecouter la voix de Pier Paolo Pasolini in Lettre du traducteur 
Attention : Vous devez au préalable, mettre sur pause le morceau de Winston Mukunku qui ouvre notre blog 
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"La traduction de l’Orestiade a été en un sens, comme cela arrive souvent, fortuite.  Vittorio Gasmann est venu me trouver. Il voulait une traduction pour son théâtre populaire. Mais ce n’est pas par hasard que j’ai choisi cette œuvre.  Car la trilogie de l’Orestie est très certainement, dans le répertoire grec, l’œuvre que je préfère. Où du moins que je préférais le plus à l’époque". 

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Tournage de Carnet de notes pour une orestie Africaine/ P. P. Pasolini et Dacia Maraini

"L’Orestie d’Eschyle est devenue pour beaucoup l’instrument de mesure le plus fiable pour analyser les fondements de notre démocratie.Ce n’est donc pas une oeuvre comme les autres et dans les périodes d’opacité, dans les ères de grandes confusions, elle agit toujours comme un électrochoc. Un des objectifs de mon film est de réveiller l’esprit critique des spectateurs sur cette forme de culture du pouvoir née en Grèce qui, érigée en modèle unique de gouvernance par les puissantes nations occidentales, détermine aujourd’hui le cadre social de chaque existence. Avec l’avènement de la démocratie décrite dans l’Orestie d’Eschyle, le monde occidental passe de l’adoration de déesses, à l’adoration d’une idée et à son idolâtrie formelle sans pratique réelle. Force est de constater que ce qui pouvait alors être considéré comme une victoire est devenue une défaite pour la préservation de notre futur et que ce qui nous avait donné de l’espoir, nous laisse maintenant dans la douleur de l’incertitude d’un monde dont nous sentons vivement qu’il n’est plus éternel." Barbara Bouley Franchitti


Regarder un court extrait du film documentaire de B. Bouley Franchitti

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Les deux films (2 heures de projection) s’accompagnent d’un nécessaire temps d’échange avec les spectateurs. Dans une époque de grande confusion sur les concepts antiques et modernes de la démocratie européenne, l’expérience d’un échange sensible ne peut être qu’enrichissante pour une assemblée réunie dans le même désir suscité par le film : celui de s’interroger encore…

Intervenants possibles 

Pour un questionnement de départ

Dans le film, Pasolini confronte ses notes filmiques de voyages sur l'Afrique et ses analyses de l'Orestie et de la démocratie avec un groupe d'etudiants africains de l'Universite de Rome. Près de 50 ans après les indépendances et après l’instauration de la démocratie dans de nombreux pays africains, où en sommes-nous des questionnements de Pasolini ? Les pays africains sont-ils toujours aujourd'hui le champ d'expérimentation idéal pour mieux appréhender la démocratie moderne, comme le pensait Pasolini en 1970 ? Formellement, le débat est un aller-retour entre ce que propose Pasolini en 1970 à l’écran (in vitro) et les invités présents en 2009 (in vivo).

Regarder des courts extraits des débats au cinéma le Latina-Paris

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LA LECTURE PUBLIQUE

Pier Paolo Pasolini nous révèle dans son PYLADE (texte dramatique écrit en 1966), le jeu des alliances inorganiques des personnages antiques de l'ORESTIE qui constitue les fondements de nos systèmes politiques. Cette lecture scénographiée (quasi intégrale) étoffée d'images vidéos et de notes dramaturgiques est orchestrée par Barbara Bouley Franchitti et/ou Stanislas Nordey. Elle peut être réalisée avec des acteurs professionnels associés à des élèves d'écoles d'art dramatique ou aux étudiants des sections théâtre et cinéma des universités.

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" Je ne te dirai pas , ami, ce que, en chants et épisodes, et chœurs au lieu de fondus, j’écrirai sur le silence de Pylade, qui deviendra révolte et trahison, contre l’ami d’adolescence au membre érigé, Oreste, le prince socialiste, et la dégénérescence de certaines Furies purifiées et retirées sur les monts joyeux dans le ciel, et dans le ciel, perdues; le retour de ces Furies revenues au vieil état dans la ville délivrée, avec elles, de la monarchie; la régression d’ Electre, elle, fille qui aima son père Roi, et maintenant est fasciste comme on est fasciste dans le sombre regret d’origines fautives; la fuite de Pylade dans les monts des Furies devenues Euménides les déesses des partisans et de l’amour soudain qui lie au partisan un autre partisan; la préparation de la lutte, et le retour à la tête d’une armée irrégulière, la mystérieuse armée des montagnes; l’alliance entre Electre fasciste et Oreste libéral et partisan des réformes dans la ville devenue opulente; l’intervention d’Athéna qui protège Electre et Oreste,enfants de la Raison, et les unit, faisant taire le hurlement des Furies antiques qui errent dans la nouvelle ville; l’incertitude de Pylade devant la ville enrichie qui n’a plus besoin de lui; sa rencontre, la nuit de la bataille, avec son vieil ami d’adolescence resté jeune, beau comme aux temps de leurs premières amours quand les femmes leur étaient inconnues ; et leur abandon à des discours sur l’amour et l’âme qui n’ont rien à voir avec la réalité présente, et qui les réunit; et, enfin , la solitude de Pylade, qui, avant l’aube, devra bien prendre une décision. Extrait de Qui je suis de Pier Paolo Pasolini

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vendredi 10 avril 2009

EN PREPARATION : SPECTACLE PURIDISCIPLINAIRE DE RESTITUTION

Depuis le printemps 2009 et après quatre années de recherches et de questionnements sur l’Orestie et la création de plusieurs modules d’accompagnement du film de Pasolini, Un excursus se penche, méticuleusement, comme une équipe de physiciens, sur l’écriture du spectacle final, noyau de cette recherche :

L’ORESTIE EN QUESTION(S) : Des Euménides à  Plaidoyer pour les furies

C’est avec huit acteurs professionnels que nous avons ouvert en mars 2009 des chantiers d’écriture afin de restituer, lors de la saison 2010-2011 sous forme spectaculaire (THEATRE et VIDEO) l’ensemble de notre recherche sur l'Orestie d'Eschyle.

Au CDN de Sartrouville et au théâtre de l’Aquarium-La cartoucherie, les acteurs (Nathalie Bigorre, Vincent Dissez, Nathan Gabily, Laétitia Guédon, Ana Karina Lombardi, Madeleine Marion, Nadège Milcic et Lou Wenzel) ont commencé un travail de lecture à haute voix des « Euménides » d’Eschyle suivi de plusieurs travaux d’improvisations sur le plateau afin d’expérimenter l’écriture de la pièce, pour l’heure fragmentaire, de Barbara Bouley Franchitti.

Ce travail-laboratoire nécessitait pour toute l'équipe une connaissance approfondie du mythe d’Oreste. Les acteurs choisis avaient déjà abordé, avec d’autres metteurs en scène, ce texte fondateur. Toute tentative de théâtralisation préalable (décor, objet…) pouvant opacifier le texte en cours d'écriture, le voiler et le rendre secondaire par rapport au premier plan qu'il demande, nous avons travaillé plateau nu en cherchant à composer uniquement avec la lumière et avec son corollaire : L’ombre. Vincent Gabriel (créateur lumière) a, lors de ces premiers essais dramaturgiques, écrit une première partition des lumières du spectacle, principalement avec l'outil vidéo.

En septembre 2009, nous avons passé la commande de la traduction en français de l'Orestiade de Pasolini à Salvatore Nicosia, professeur de grec ancien à la faculté de Palerme et traducteur de plusieurs tragédies pour l'institut National de Drame Antique de Syracuse.

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